Mondialement connue et reprise à justes occasions, la chanson Joyeux Anniversaire n’en est pas pour autant libre de droits.
Dans sa version américaine la chanson Happy Birthday To You est une véritable poule aux œufs d’or pour celui qui en détient les droits : Warner/Chapelle Music.
Selon une estimation, elle rapporterait 5 000 dollars par jour, soit près de 2 millions de dollars de revenus par an !
En fait, les copyrights sur cette chanson se partagent entre le texte et la partition musicale dont les points de départ respectifs diffèrent. Les paroles Happy Birthday To You sont publiées avec copyright pour la première fois dans un livre de chansons de 1924. Puis en 1935, l’arrangement au piano de la mélodie est protégé par l’éditeur du livre et une société est créée pour faire respecter les droits sur cette chanson : Birch Tree Group Limited.
Ce n’est alors qu’en 1988 que la société Warner/Chapelle Music rachète la société Birch Tree Group Limited et récupère ainsi les droits de cette chanson.
En 2013, Jennifer Nelson réalise un documentaire sur les origines de cette chanson et se voit dans l’obligation de payer des droits d’utilisation à hauteur de 1 500 dollars à la société Warner/Chapelle Music pour pouvoir intégrer cette chanson dans son film.
Mais au cours de ses recherches la réalisatrice découvre que les paroles de Happy Birthday To You sont en fait l’adaptation populaire d’une chanson antérieure : Good Morning To All composée par les sœurs Hills qui géraient des classes d’enfants et publiée en 1893. Les paroles de cette adaptation populaire auraient par la suite été publiées pour la première fois en 1911 dans un recueil de l’Eglise Méthodiste, sans qu’aucun copyright ne soit revendiqué. De plus, il semblerait que si certaines chansons du livre de 1924 sont bien protégées par copyright, ce ne serait pas le cas des paroles de Happy Birthday To You.
Forte de ces éléments, Jennifer Nelson demande à la société Warner/Chapelle Music de lui rembourser l’argent de la licence qu’elle a payée pour un copyright qu’elle considère comme inexistant. (Pour rappel : aux USA, un copyright expire 95 ans après la première publication ou 120 ans après la création, la durée la plus courte étant considérée.) En absence de retour de son argent, la réalisatrice Jennifer Nelson dépose le 13 juin 2013, via sa société de production, une plainte en class action à l’encontre de Warner/Chapelle Music, de sorte que toute personne puisse s’associer au litige pour demander un remboursement de sa licence sur cette chanson depuis 2009.
Cependant, le 16 Juillet dernier, la plainte est retirée sans qu’aucune explication ne soit apportée par la plaignante.
Aussi, lorsque, d’une part, on connait le coût dérisoire d’une licence d’utilisation au regard d’un litige face à un géant du disque devant une cour américaine et que, d’autre part, on connaît l’absence de retour financier en cas de succès pour le plaignant dans un tel litige, il est fort à parier qu’aucune nouvelle action de ce type ne sera tentée jusqu’en 2030, terme de ce copyright rentable.